Le label RAMSAR dont il est titulaire,

distingue cette zone humide d'intérêt international pour sa biodiversité remarquable.

Le 28 mai 2013,

sa candidature à l'UNESCO dans la catégorie "réserve de biosphère" a été acceptée.

 

UN PEU D’HISTOIRE,  pour mieux comprendre le marais audomarois.

Le marais de Saint-Omer est une cuvette qui s'étend du Nord au Sud, de Watten à Arques, sur 15 Km et d'Ouest en Est, des collines crayeuses d'Artois gorgées d'eau, aux collines argileuses des Flandres, sur 3 à 4 Km. Il est approximativement limité par la courbe de niveau 5 m, mais ses points les plus bas sont, encore de nos jours, à 2 m au-dessus du niveau moyen de la mer et donc en dessous de la marée haute !

Depuis longtemps, les eaux de l’Aa et des autres rivières qui descendaient des collines avaient creusé une vallée, y avaient déposé leurs abondantes alluvions et atteignaient la mer à l'emplacement actuel de Gravelines. Quand le niveau des mers est remonté de 5 mètres en deux fois vers 400 et vers 1000 de notre ère, la Mer du Nord submergeait, à chaque marée, les terres d'un "golfe" qui s'étendait de Calais à Bruges et au delà, et venait jusqu'à Watten. Les eaux de l'Aa ne pouvant plus se déverser facilement à la mer, formèrent une nappe d'eau qui "surpassait les digues de plus de trois pieds "à moins qu'il ne gelât et que l'on puisse patiner jusqu'à Watten. Assez rapidement, ce lac se transforma en un marécage : une végétation sauvage se développa et donna naissance à des couches de tourbe qui subsistent encore. Venant d'Arques l'Aa formait la Meer, puis en de nombreux bras longeait la rive Est tandis que 1es rivières issues de l'Artois déposaient à l'Ouest des limons fertiles.

 

Les hommes étaient rares dans cet environnement hostile. A la recherche de solitude, des ermites venus d'Alémanie: Erkembode, Bertram et Momelin, installèrent sur une butte l'Oudemonstre (vieux monastère). Puis, au temps de Dagobert, vers 630, Othmar, évêque de Thérouanne, leur donna Sithiu qui devait devenir l'abbaye Saint Bertin puis Saint-Omer. Pour leurs besoins en poissons les moines aménagèrent le marais proche, la Meer, en y creusant des viviers et aussi des canaux pour mieux évacuer l'eau : le Stakelwaert, le Grand Lek, le Moerlak, prolongés par un chenal près de la rive flamande. Vers 900, les puissants abbés de Saint Bertin firent creuser une rivière qui collectait les eaux des rivières de Saint Martin, de Salperwick, de Tilques, de Serques et de Houlle. C'est sur cette rivière qui s'appelle, du Sud au Nord, le Nardstroem, l'Oude Aa, le Grand Large (et le Reninge qui va jusque Watten) que nous ramons. Peu à peu, pour les besoins de l'abbaye et de la ville, des paysans entamèrent l'assèchement et la mise en culture des terres les plus "hautes".

 

Au milieu du XIIème siècle, Saint-Omer était une des grandes villes drapantes d'Europe. Pour assurer les besoins en laine de leurs draperies, les bourgeois de Saint-Omer firent creuser au travers des terres données à la ville, la Grande Rivière qui, prolongée au delà de Watten, atteignait Gravelines et permettaient aux navires venus d'Angleterre d'accoster au port du Haut-Pont (Le canal actuel suit presque le même trajet.). Mais à partir du XVème siècle, avec le déclin de la draperie audomaroise, le marais cessa d'être entretenu. Pendant cinq siècles, il vécut: des activités maraîchères autour de la ville (« au Haut-Pont, à Lysel et à la Fresque Pissonnerie »), des pâturages dans les « pâtures communales » au centre et aussi des étendues abandonnées à la nature.

Les choses ne changèrent qu'au XIXème siècle. L'augmentation de la population des villes industrielles créa des débouchés. Dès le début du siècle, les Wateringues, association des propriétaires, mirent en culture les « pâtures » vendues par la ville pour financer la construction du nouvel hôtel de ville en les "poldérisant", tandis que le drainage faisait son apparition près de Clairmarais. On se mit à produire des légumes de toutes sortes, entre autres des carottes à Tilques et surtout des choux fleurs qui occupaient en 1900 près de 40 % du sol. Sur leurs micro- propriétés, souvent moins d'un hectare, les "jardiniers" dont la pl
upart parlaient le flamand, en travaillant beaucoup au louchet ou à la charrue à bras, en utilisant d'énormes quantités de fumier ou «engrais flamand » obtenaient 3 récoltes par an. Et puis, en 1848, le chemin de fer atteignit Saint-Omer avec la construction de la ligne qui, sur une solide digue, coupe le marais en deux. On pouvait désormais approvisionner toute la France, et en particulier Paris, en choux-fleurs et cela d'autant plus facilement que, sur intervention d'Alexandre Ribot, des tarifs réduits de 50 % furent accordés par la Compagnie du Nord. En 1908, la terre valait 6 à 12000 francs-or l'hectare et pouvait rapporter jusqu'à 3200 Frs/an.

Depuis les années 20 et surtout après la seconde guerre, les activités maraîchères ont lentement diminué à cause de la concurrence des autres régions comme la Bretagne et du changement des habitudes alimentaires. Les maraîchers ont
développé la culture de l'endive, du poireau, etc., et de plus en plus ils utilisent les serres. Enfin et surtout, le marais est devenu un lieu de tourisme, de loisir, sous l'impulsion du Syndicat d'Initiative et du Parc Naturel Régional des Caps et des Marais d'Opale. La Randonnée des Nénuphars s'inscrit dans ce contexte du renouveau de notre Marais.